Pelouse vivante

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Compagnon blanc - Coquelicot - Cyclamen - photos © Nicolas Macaire LPO

  • Les pelouses offrent un espace dégagé dans lequel les espèces prédatrices peuvent repérer facilement leurs proies. Lorsque cet espace est entretenu dans le respect des équilibres naturels, il devient alors un lieu plein de vie, un véritable écosystème à lui tout seul. Il offre de multiples sources de nourriture et des possibilités de refuges étonnantes pour de nombreux hôtes du jardin. Son entretien facile nécessite peu de temps et évite les utilisations d’engrais et pesticides, grands pollueurs du jardin. Vous pouvez ainsi vous offrir à peu de frais une véritable pelouse naturelle où s’épanouiront une faune et une flore variées. Vous allierez ainsi l’esthétisme et l’agrément à la protection de la nature.
Gazon ras ou pelouse naturelle : quelle différence ?[modifier]
  • Beaucoup de personnes ont le sentiment qu’un gazon ras est plus beau et plus facile à entretenir. La beauté étant une notion toute subjective, il est difficile de démontrer qu’une pelouse fleurie est plus belle qu’un gazon ras. Ceci reste une question de choix. Il est par contre facilement démontrable qu’une pelouse naturelle demande beaucoup moins d’entretien et nécessite des pratiques moins polluantes.
  • Afin d’obtenir un gazon uniforme et bien vert il faut beaucoup d’efforts : des tontes fréquentes, un arrosage intensif, des épandages d’engrais et de pesticides réguliers… Ces pratiques, destinées à ne favoriser qu’une seule espèce de graminées, le ray-grass en général, tendent à transformer votre jardin en désert biologique. Les pesticides stérilisent le sol en faisant disparaître les lombrics et divers insectes utiles au jardin dont se nourrissent les oiseaux et mammifères insectivores. En sachant que 90% du produit chimique que nous utilisons au jardin est perdu dans le sol ou s’évapore dans l’air, on comprendra aisément que ces pratiques polluent fortement et nécessitent beaucoup de temps et d’argent de votre part. Mieux vaut donc limiter le gazon ras à de petites surfaces et privilégier la pelouse naturelle sur les espaces plus grands ou d’entretien moins aisé.
  • En privilégiant la pelouse naturelle c’est tout un écosystème que vous mettrez en valeur. Les hautes herbes accueilleront une foule d’insectes et autres invertébrés. Les plus visibles seront bien sûr les papillons qui viendront butiner les nombreuses fleurs de votre pelouse. Vous remarquerez les demi-deuils, les aurores, les zygènes, les citrons… Leurs chenilles se réfugieront parmi les graminées dont elles se nourrissent également. Vous observerez parfois une mousse blanchâtre entre deux brins d’herbe. Cette mousse ou « crachat de coucou » abrite la larve d’un insecte appelé cercope qui vit dans la pelouse. Elle côtoie les grillons, sauterelles et les nombreux coléoptères aux noms étonnants : staphylins, cantharides, clairon, carabes… Les araignées guetteront leurs proies dans un coin de leur toile, les escargots glisseront lentement entre les herbes. Ces nombreux insectes évolueront dans un foisonnement de plantes diverses, principalement des graminées et des fleurs mellifères. Dans les zones régulièrement soumises aux passages fréquents ou à la tonte régulière on trouvera des plantes résistantes au stress telles que le plantain, le pissenlit, la pâquerette…
  • De nombreuses autres fleurs orneront votre pelouse telles que la cardamine des prés, l’achillée millefeuille, le trèfle rampant (fleurs blanches) et le trèfle des prés (fleurs rouges), les centaurées, les véroniques, les primevères… Nombre de ces plantes serviront de refuge mais également de repas aux hôtes de la pelouse. Ainsi les feuilles de pissenlit sont consommées par les chenilles de 25 papillons, ses graines sont appréciées par le chardonneret, le verdier et le bouvreuil. Les graines du plantain sont également source de nourriture pour les oiseaux.

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Pâquerettes sur pelouse - photo © Nicolas Macaire LPO

  • De nombreux petits mammifères pourront être observés dans votre pelouse fleurie. Ainsi les larves, insectes et divers mollusques attireront la grive musicienne ou le merle noir. Le chardonneret dépècera les fleurs telles que la centaurée ou le séneçon. Le pic vert se régalera des fourmis. Rougegorge familier, accenteur mouchet, bergeronnette grise… Sont également des visiteurs fréquents. Dans les espaces plus grands on pourra observer la chouette chevêche ou l’effraie des clochers chassant les petites musaraignes ou campagnols des champs. Les hérissons, et belette aiment aussi ces terrains où la nourriture se trouve facilement.
    Votre pelouse naturelle vous offrira donc un véritable parterre de fleurs et un nouveau spectacle chaque jour. Vos enfants découvriront avec bonheur la vie du jardin dans toute sa splendeur.
L’aménagement de la pelouse naturelle[modifier]
  • Pour transformer votre jardin en pelouse naturelle c’est tout simple : après avoir égalisé à 7-8 cm l’ensemble de la surface il suffit de laisser pousser ! Privilégiez la pelouse naturelle sur la plus grande surface possible. Les parcelles rases sont à réserver pour les endroits les plus fréquentés comme les aires de jeux, les abords de la maison ou pour créer des allées légèrement sinueuses du plus bel effet. Ces parcelles couperont l’uniformité de votre pelouse et mettront en valeur les étendues de pelouses fleuries. Vous pouvez dénuder quelques fractions de terrain afin de les ensemencer avec des graines que vous auriez recueillies autour de chez vous ou achetées dans le commerce. Pour cela nettoyez le sol, égalisez, semez et enterrez les graines d’un coup de râteau. Vous aurez ainsi des parterres de fleurs sauvages. Nous vous conseillons de choisir vos plantes de façon à étaler les périodes de floraison sur la plus longue période possible. Quelques exemples : Coquelicot : Floraison de mai à juillet. Violette odorante : Floraison en mars-avril. Myosotis des champs : floraison d’avril à septembre. Trèfle des prés : floraison à la fin du printemps et en été. Mouron des oiseaux : floraison toute l’année.
  • Si votre terrain est totalement nu, vous pouvez accélérer son ensemencement. Deux solutions s’offrent alors à vous : privilégier les espèces locales ou ensemencer avec des mélanges de graines achetées dans le commerce.
Planter les espèces locales[modifier]
  • Vous veillerez à ne prélever que les plantes qui sont adaptées aux conditions de votre terrain. Observez celles qui poussent spontanément aux alentours. Il est plus que probable que les caractéristiques de votre terrain soient pratiquement identiques à celles des terrains alentours. Si votre terrain ne présente pas les conditions idéales pour l’accueil des fleurs sauvages (humidité, ensoleillement, nature du sol…) il vous faudra les créer ou vous contenter des possibilités qu’il offre. Il est possible de prélever quelques bulbes, oignons ou graines mais prenez garde à ce que vos prélèvements ne mettent pas en péril les populations naturelles de ces plantes. Dans tous les cas ne prélevez jamais de plantes protégées ou menacées. Vous pourrez semer en association de ces plantes un gazon rustique, plus résistant que le gazon classique.
Les graines du commerce[modifier]

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  • Mélange de graines de fleurs du commerce pour papillons et/ou oiseaux
    Vous trouverez dans le commerce différents mélanges que vous choisirez en fonction de la nature de votre terrain. Le mélange le plus classique et qui s’adapte le mieux à tout type de terrain est « Prairie fleurie » (achillée, centaurée, lotier, marguerite et scabieuse).
  • Un autre mélange intéressant à semer dans les zones ensoleillées est « Fleurs à papillons ». Il privilégie les fleurs mellifères. Les plantes associées sont la phacélie, la bourrache, l’origan, la mauve, le bleuet, l’eupatoire, la vipérine et la scabieuse. Attention, certains mélanges contiennent beaucoup de gazon au détriment des plantes à fleurs. Ces fleurs ne sont en général pas très diversifiées et le plus souvent annuelles ce qui donne un résultat souvent décevant au niveau de la durée de la floraison. Demandez à un spécialiste de vous proposer ses mélanges de fleurs sauvages pour prairies.
Et pour l’entretien ?[modifier]
  • Adoptez des méthodes de jardinage biologique en renonçant aux pesticides et engrais chimiques. D’autres solutions tout aussi efficaces et moins polluantes existent pour entretenir sa pelouse (voir fiche « le jardinage biologique »). Il vous faudra accepter l’apparition entre les brins d’herbe de quelques mousses et plantes non invitées mais très agréables à regarder.
  • Afin que votre pelouse s’orne de nombreuses fleurs, il faudra fortement restreindre la fréquence de vos tontes. 6 à 7 tontes annuelles est le maximum. Vous réglerez la hauteur de coupe à 7-8 cm. N’intervenez pas au printemps. Vous donnerez ainsi une chance aux plantes de se reproduire en disséminant leurs graines et, avantage supplémentaire, vous ne dérangerez pas la reproduction des oiseaux et des divers petits mammifères avec le bruit de votre tondeuse. Laissez une chance aux insectes : ceux-ci étant plus vifs par temps chaud et au milieu de la journée, nous vous recommandons de choisir ces moments pour tondre votre pelouse. Ils auront ainsi plus de chance de se sauver. Choisissez de débuter la tonte par le centre de votre terrain en allant vers l’extérieur. Les animaux (surtout les insectes) vivant dans votre pelouse ne sont alors pas piégés et peuvent plus facilement s’enfuir. Laissez les résidus de tonte 3-4 jours sur place afin de permettre aux insectes piégés de retrouver leur milieu d’origine. Afin de privilégier les plantes à fleurs nous vous recommandons de toujours ramasser vos produits de tonte qui pourront servir au compost (voir fiche « réaliser son compost »). En effet les plantes à fleurs se développent préférentiellement sur les terres appauvries en matières azotées.
  • Dans les zones rases, vous privilégierez les graminées plutôt que les plantes à fleurs. Vous laisserez alors les résultats de la tonte sur le sol. Au printemps vous pouvez fertiliser en épandant du compost. Lorsque la mousse se fait trop présente, vous pouvez traiter la surface au sulfate de fer à la fin de l’hiver en évitant les excès. Un passage de scarificateur enlèvera la mousse noircie. Les trous les plus importants pourront être comblés par un semis de gazon ou de plantes sauvages.
  • Si vous souhaitez mener une partie de votre terrain en prairie fleurie, vous n’avez pas beaucoup d’entretien à faire. Seuls deux fauchages par an sont nécessaires : un en fin de printemps et un à l’automne.