Anfractuosités des murs et murets
Vieux mur colonisé par les fougères et les sedums (photo Jean Terrisse LPO)
Le mur : microbiotope xérophile
Le mur est un biotope difficile où seuls quelques plantes et quelques animaux à l’habitat spécialisé ont pu s’adapter. D’abord le microclimat est rude : la chaleur et la sécheresse peuvent être intenses en été avec de fortes variations d’amplitude thermique. Ensuite la nature des pierres ou parpaings associée à la verticalité de l’édifice sont deux facteurs limitant l’installation de la vie sauvage rupestre. La nature chimique de la roche déterminera le peuplement végétal : de manière générale, on trouvera plus de plantes sur des roches calcaires, donc basiques, comme le tuffeau par exemple, que sur des roches acides (granit, basalte). Le calcaire est en effet plus soluble que le granit ou le basalte. Voici de façon chronologique, les étapes de la vie d’un mur :
- En début de vie, les murs n’offrent pas beaucoup d’anfractuosités. C’est donc des organismes primaires et pionniers qui vont pouvoir s’implanter : parmi eux, on trouvera des algues, des bactéries et des lichens (symbiose entre une algue et un champignon). Plus tard viendront des mousses comme Tortura muralis et Tortella inclinata.
- Au fil des années, certaines pierres manquantes ont formés des trous permettant aux fougères de se fixer : ces végétaux rustiques ont quand même besoin d’un certain taux d’humidité pour la germination de leurs spores. Parmi les espèces les plus typiques citons la dorade, l’herbe dorée, la rue des murailles, le polypode (qui a aussi la particularité de pouvoir s’implanter sur un tronc d’arbre), le capillaire rouge. Des animaux s’installeront aussi : lézard des murailles, insectes, et mollusques comme par exemple les escargots dans les interstices humides.
Avec le temps les trous deviennent plus grands, et le mur se disloque par endroit s’il n’a pas reçu d’entretien particulier. La matière organique s’accumule : ainsi, les plantes à fleurs font leur apparition. Une des familles qui sort de l’ordinaire sur les murailles est celle des Crassulacées (plantes grasses ou succulentes). Ces plantes vivaces se caractérisent par des feuilles charnues gonflées d’eau. Citons par exemple les Sedum ou orpins ainsi que les joubarbes du genre Sempervivum sp qui signifie « toujours vivant ». Elles s’opposent aux nombreuses autres plantes annuelles représentées sur la muraille. Leurs jolies petites fleurs jaunes ou blanches ajoutent une touche de rusticité. Suivant le diamètre des trous et leurs hauteurs, divers animaux occuperont la structure : en bas du mur on trouvera des mulots ou campagnols, éventuellement des batraciens comme la grenouille verte Rana esculenta dans les endroits ombragés et humides. La mésange bleue Parus caeruleus et la bergeronnette des ruisseaux Motacilla cinerea peuvent nicher à des hauteurs moyennes (1.50 m à 2 m). Le haut du mur sera le domaine du choucas des tours Corvus monedula, du faucon crécerelle Falco tinnunculus, en particulier sur les corniches de bâtiments importants comme les églises, abbaye ou châteaux.