Moineau domestique
Moineau domestique Passer domesticus - photo Mickael Lefèvre
Sommaire
Etymologie
Le moineau domestique est appelé familièrement « Pierrot ». Son nom scientifique est Passer domesticus. Passer est un nom latin signifiant « moineau » ; domesticus se rapporte au foyer, à la maison, soulignant l’habitat favori de cet oiseau anthropophile. Son nom anglais est d’ailleurs « House Sparrow »= « moineau des maisons ».
Description
Longueur : 14-16 cm. Le moineau domestique a le corps large et charpenté, une tête assez grosse et un gros bec. Son dos est brunâtre densément strié de noir. Plumage souvent ébouriffé avec une attitude ramassée. Tête et pattes rentrées une fois perché. Il existe un dimorphisme sexuel apparent entre le mâle et la femelle. Le mâle porte une large bavette noire (absente chez la femelle) sur la gorge et la poitrine. Le dessus de la tête est gris cendré, le ventre grisâtre et le dos brun marron chocolat. La femelle se distingue du mâle par son plumage beaucoup plus terne, un sourcil crème derrière l’œil, l’absence de bavette noire et son dos est marron sans teinte chocolat. Pour finir, son cri bien connu est un « chip » ou « piap » : celui-ci permet le contact entre les individus. Lorsqu’il est clamé par une assemblée de mâles, il devient bruyant, voir insupportable !
Alimentation
Le moineau domestique à un régime alimentaire omnivore, comme nous ! Il consomme aussi bien des graines, des boutons de fleurs et fleurs elles-mêmes, des restes de repas et d’autres déchets que des insectes à la belle saison : hannetons, coléoptères, sauterelles, papillons, chenilles, pucerons, diptères... Certains moineaux très malins se spécialisent même à récolter les insectes écrasés sur les calandres de voitures ou sur les locomotives à l’arrêt !
Population
La population française est estimée entre 2 millions et 10 millions de couples (source : LPO/ BirdLife – 2004), mais celle-ci est actuellement en déclin de –11% selon le programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs). Par comparaison, la population britannique a été évaluée à 13,2 millions d’oiseaux entre 1994 et 2000, mais là bas le déclin est plus marqué (-25% entre 1990 et 2000). Si le moineau domestique fait actuellement partie des espèces les plus abondantes de France, il faut être néanmoins vigilant et garder à l’esprit qu’une espèce commune aujourd’hui peut se révéler rare dans le futur, voir même disparaître complètement ! Le célèbre pigeon migrateur d’Amérique nous en a déjà apporté la preuve.
Nidification
Espèce typiquement urbaine, le moineau domestique niche dans diverses cavités des bâtiments : sous une tuile, un trou de boulin, sous l’avancée d’un toit, mais aussi dans le nid de l’hirondelle de fenêtre Delichon urbicum, un lampadaire, dans un trou d’arbre, une haie, un nichoir…
L’activité reprend dès le mois de janvier : les mâles « chantent » sur des postes bien en vue autour du site de nidification choisi. Lorsqu’une femelle apparaît, le mâle vient aussitôt la courtiser : de profil, devant elle, il relève la queue et fait « vibrer » ses ailes nerveusement. L’accouplement est bref. Le couples sont généralement fidèles d’une année sur l’autre. Les mâles entreprennent la construction du nid qui est souvent le même site chaque année. La femelle pond 2 à 5 œufs entre la fin avril et le début de mai qu’elle couve durant 11 à 14 jours. La période de ponte peut s’étaler jusqu’en juillet. Après l’éclosion, 80 % du régime alimentaire des jeunes se compose d’insectes divers. Les jeunes quittent le nid à 15 jours. C’est après l’envol que le régime alimentaire se diversifie. Le moineau domestique effectue jusqu’à 4 pontes par an, lorsque la météorologie est favorable.
Répartition
Le moineau domestique est très largement répandu sur plusieurs continents : on dit que cette espèce est cosmopolite. En effet, il est présent des régions arctiques (Laponie) à la zone subantarctique (îles Falkland), en passant par l’Afrique, l’Amérique et l’Océanie. En France, le moineau domestique est répandu sur tout le territoire mais n’est pas présent en Corse. Il est étroitement lié aux habitations humaines autour desquelles il vit en commensale.
Menaces
Les causes du déclin des moineaux domestiques ont été étudiées de près par nos collègues d’outre-Manche de la RSPB (Royal Society for the Protection of Birds). Des enquêtes détaillées sur les milieux agricoles britanniques soulignent le manque de nourriture en hiver (résultante des méthodes d’agriculture intensive) comme une cause potentielle du déclin des populations des milieux agricoles. Les causes identifiées quant au déclin des moineaux domestiques en milieu urbain sont les suivantes :
- Le manque de ressource en insectes pour les poussins (probablement lié aux changements d’habitat, à la pollution de l’air ou au changement climatique) ;
- Manque de ressources en graines pour les oiseaux ayant atteint l’âge adulte (probablement lié aux changements d’habitats, à la pollution de l’air ou au changement climatique) ;
- Augmentation du nombre de prédateurs (rats, rapaces nocturnes) ou de concurrents (fringillidés, tourterelles, pigeons) ;
- Manque de site de nidification ;
- Augmentation des maladies (par exemple la salmonellose), plus particulièrement dans les sites d’alimentation communs.
- Les polluants chimiques provoquent la mort ou l’échec de l’élevage (par exemple inhibiteurs endocriniens) ;
- Augmentation et/ou vitesse du trafic routier causant la mortalité directe.
Moineau domestique Passer domesticus mâle empoisonné par des polluants chimiques.
Par ailleurs les moineaux domestiques se sont révélés être les proies les plus communes des chats domestiques, et ces derniers s’avèrent être la première cause de mortalité de l’espèce dans certains quartiers.
Nichoir pour moineau domestique
Le moineau domestique a de plus en plus de mal à trouver des cavités pour nicher et ses effectifs sont en chute libre. les moineaux domestiques nicheurs sont plus communs dans les vieilles maisons qui offrent de nombreuse anfractuosités, et dans les maisons plus récentes, dont le toit n’a pas été refait. Sur les édifices récents, ce modèle de nichoir pourra l’aider à ce loger. Il faut l’installer de préférence sur les façades lisses des bâtiments modernes qui n’ont plus de cavité. Ce modèle de nichoir se positionne horizontalement avec le trou d’envol placé sur le côté et devant (jamais dessous comme pour le martinet noir !). Fixez-le par exemple sous l’avancée d’un toit à 2,50 - 3 mètres de hauteur. Dimensions du nichoir : 34,5 x 13 x 13 cm – Trou d’envol : Longueur 6 cm x largeur 4,5 cm. La LPO vend ce modèle sur mesure.
Deux autres moineaux observables en France
12 espèces de la famille des Passéridés ont été observés dans l’ouest Paléarctique, si on considère le moineau cisalpin Passer (domesticus) italiae, comme une espèce à part entière. La niverolle alpine Montifringilla nivalis, passereau noir et blanc au bec jaune orangé en hiver (et jeunes), fait également partie de la famille des Passéridés. En France, on trouve deux autres moineaux : le moineau friquet, proche cousin du domestique, et le moineau soulcie.
Survie et prédation
La mortalité des adultes est forte (35 à 55 % par an) et la survie des juvéniles est très faible : 80 % des poussins disparaissent en moins d’un an. La démographie du moineau domestique repose donc sur des paramètres de fécondité élevé avec un succès moyen de la reproduction de 53 % des œufs pondus. Parmi les prédateurs naturels du moineau domestique, on trouve l’épervier d’Europe, la chouette hulotte, l’effraie des clochers, les chats domestiques, certains Mustellidés, le loir et le lérot.
Statut
Le moineau domestique est partiellement protégé par la loi française du 10 juillet 1976 et inscrit sur la Directive européenne oiseaux 79/409/CE. Il est interdit de détruire les adultes, les nids, les œufs et les juvéniles. Cependant et par dérogation, la destruction et l’enlèvement des nids peut être autorisée.
Savoir plus
- Les Passereaux d’Europe Tome III, des pouillots aux moineaux. Paul Géroudet. Troisième édition. Eds. Delachaux & Niestlé. Neuchâtel, 1980.
- Atlas des oiseaux nicheurs de France, Dosithée Yeatman-Berthelot & Guy Jarry. Eds SOF. Paris, 1994.
- Les Oiseaux d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Lars Jonsson. Eds Nathan. Paris, 1994.
- The Birds of the Western Palearctic, Sparrows to buntings. Vol IX. Cramp S. & Al. Eds Oxford University Press, Oxford, 1985.
- House sparrows in Great Britain, Leaflet published by RSPB, BTO, Defra, 2004.
- Le statut des oiseaux sauvages en France, Co Carichiopulo & Al. Ed. LPO. Rochefort, 1999.