Pelote de réjection : Différence entre versions
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====== Comment se forme la pelote ? ====== | ====== Comment se forme la pelote ? ====== | ||
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====== Les pelotes des rapaces nocturnes ====== | ====== Les pelotes des rapaces nocturnes ====== | ||
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*'''Effraie des clochers''' ''Tyto alba''<br> | *'''Effraie des clochers''' ''Tyto alba''<br> | ||
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*'''Epervier d’Europe''' ''Accipiter nisus'' <br> | *'''Epervier d’Europe''' ''Accipiter nisus'' <br> | ||
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*'''Corneille noire''' ''Corvus corone'' <br> | *'''Corneille noire''' ''Corvus corone'' <br> |
Version actuelle datée du 8 octobre 2013 à 13:18
Pelote de vautour moine Aegypius monachus - photo © Thierry David Mission Rapaces
Sommaire
Qu’est-ce qu’une pelote de réjection ?[modifier]
- Définition : Une pelote de réjection est une boulette constituée de composants non digérés (plumes, poils, os, restes d’insectes, coquilles, restes de végétaux…), régurgitée par le bec des oiseaux. Il ne s’agit donc ni de vomissements, ni de fientes qui elles, sont rejetées par le cloaque des oiseaux. Le fait pour un oiseau de régurgiter une pelote est une action normale.
Pourquoi les oiseaux régurgitent-ils des pelotes ?[modifier]
Les rapaces avalent leur proie toute entière sans enlever les plumes, la peau ou les os. D’autres oiseaux comme la corneille noire Corvus corone ou le martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis ingèrent des fragments durs (arrêtes de poisson, graviers…). Comme ces parties dures sont difficiles à digérer, une bonne solution consiste à les régurgiter par le bec. Les rapaces nocturnes ont des sucs digestifs particulièrement peu puissants pour dissoudre les parties « dures » de leurs proies. Ainsi les gros os (crâne), les plumes ou les poils ne peuvent être digérés alors que les parties molles comme les chaires le sont. Les éléments non digérés s’agglomèrent en pelotes qui elles sont rejetées par le bec. Les rapaces diurnes ont des sucs digestifs plus puissants que ceux des rapaces nocturnes, c’est pourquoi leurs pelotes contiennent assez peu de restes d’os (dissous). D’autres espèces d’oiseaux comme le martin-pêcheur, la corneille noire, les mouettes et goélands régurgitent aussi des pelotes en fonction de leur alimentation.
Comment se forme la pelote ?[modifier]
Chez les espèces d’oiseaux qui rejettent des pelotes, les résidus indigestes des aliments s’accumulent dans le gésier. Grâce aux mouvements des muscles, ils se rassemblent en une boulette compacte. La boulette est enduite d’un film de mucus qui facilite sont expulsion par le bec. La taille et la forme de la pelote dépend du diamètre de l’œsophage. Etant donné que les espèces de plus grande taille ont un œsophage plus grand que celui des petites, la pelote devient un élément important pour l’identification de l’oiseau qui l’a rejetée. La forme générale de la pelote ainsi que son aspect varient suivant les espèces.
Les pelotes des rapaces nocturnes[modifier]
photo © Faune LPO PACA
- Effraie des clochers Tyto alba
Pelote ronde, noire et luisante. Facile à trouver dans les greniers, clochers d’église, granges…
- Hibou moyen-duc Asio otus
Pelote allongée, arrondie sur une extrémité. Contient souvent des restes de campagnols. Se trouve en grande quantité, notamment dans les bois de conifères.
- Grand duc d'Europe Bubo bubo
Grosse pelote difficile à trouver, sauf sur les gîtes de repos diurnes (carrières…).
- Chouette hulotte Strix aluco
Pelote à la surface irrégulière. Difficile à trouver en dehors de la période de nidification car la hulotte n’est pas attachée à des postes précis.
- Chevêche d’Athéna Athene noctua
Petite pelote effilochée à l’un des bouts. Difficile à trouver : dans les arbres creux (vergers), les vieilles maisons, carrières…
Les autres pelotes[modifier]
- Héron cendré Ardea cinerea
- Faucon crécerelle Falco tinnunculus
Difficile à trouver sous les piquets de clôture ou pylônes.
- Buse variable Buteo buteo
Se trouvent sous les postes d’affût de la buse : piquets de clôture…
- Epervier d’Europe Accipiter nisus
Difficile à trouver : en lisière de forêt, sous les jeunes boisements d’épicéas…
- Corneille noire Corvus corone
- Corbeau freux Corvus frugilegus
- Pie bavarde Pica pica
Etudier les pelotes de réjection[modifier]
L’étude du contenu des pelotes de réjection permet de mieux connaître le régime alimentaire des oiseaux. Pour cela, notez soigneusement sur un cahier le lieu, la date ainsi que le milieu dans lequel ont été collectées les pelotes. Suivant qu’il s’agisse de boisements mixtes ou de conifères ou encore d’une plaine cultivée, les espèces ne seront pas les mêmes. Les proies capturées diffèrent également selon la localité géographique !
Petit matériel
Pour disséquer vos pelotes de réjection, pensez tout d’abord à rassembler quelques outils très utiles :
• Une petite pince (type « pince à épiler »)
• Une aiguille à coudre
• Un petit récipient avec de l’eau (type verre à eau)
• Du papier journal
• Une assiette ou une feuille de papier noire
Disposez sur une table le papier journal pour la protéger. Certaines pelotes peuvent être décortiquées à sec (par exemple celles du hibou moyen-duc), d’autres très collées comme celles de l’effraie des clochers doivent être trempées dans l’eau afin qu’elles se disloquent. A l’aide de la petite pince, séparez les plumes ou les poils des os en deux tas distincts. Vous pouvez ensuite rassembler les gros os entre eux puis les petits sur la feuille de papier noire ou dans l’assiette. Les restes durs d’insectes (chitine de la carapace, pinces…) doivent être séparés. Les crânes des oiseaux ou des petits mammifères sont indispensables pour identifier les proies : mettez-les précieusement de côté. A la fin, gardez uniquement les os : en effet les poils ou les plumes attirent des parasites. De même, conservez vos pelotes dans un endroit abrité mais si possible, pas dans votre habitation ! Nombre d’entre-elles contiennent des mites ! Le travail fini, pensez à soigneusement vous laver les mains au savon !
Clé simple de détermination des proies des rapaces[modifier]
Dents pointues sur toute la longueur des mâchoires : la proie est un insectivore : A
Dents aplaties avec une zone de la mâchoire sans dents (la barre) : la proie est un rongeur : B
A : Détermination de certains insectivores
Observations des incisives à la mâchoire inférieure
1. Quatre incisives à la mâchoire inférieure = TAUPE
2. Une incisive à la mâchoire inférieure :
Observation de la rangée de dents de la mâchoire inférieure
Longueur supérieure ou égale à 20 mm = HERISSON
Longueur inférieure à 15 mm = MUSARAIGNE
B : Détermination de certains rongeurs
Observation de la forme des molaires
1. Les molaires sont en forme d’accordéon = CAMPAGNOLS
Observation des molaires
Présence de racines = CAMPAGNOL ROUSSATRE
Pas de racines
Observation de la longueur de la rangée de dents de la mâchoire inférieure et de la longueur du crâne
Longueur de la rangée de dents supérieure à 7,5 mm et longueur du crâne supérieure à 31 mm = CAMPAGNOL TERRESTRE (Rat taupier) ou CAMPAGNOL AMPHIBIE (Campagnol aquatique).
Longueur de la rangée de dents inférieure à 8 mm et longueur du crâne inférieure à 31 mm= CAMPAGNOLS DES CHAMPS ou autres Campagnols.
2. Les molaires ne sont pas en forme d’accordéon
Observation du nombre de molaires
Quatre ou cinq molaires = ECUREUIL, LOIR, …
Trois molaires
Observation de la longueur de la rangée de dents de la mâchoire inférieure
Longueur de la rangée de dents supérieure à 5,9 mm et longueur du crâne supérieure à 35,6 mm = RAT NOIR et RAT SURMULOT
Longueur de la rangée de dents inférieure à 4,5 mm et longueur du crâne inférieure à 27,4 mm.
Observation du nombre de racines de la première molaire de la mâchoire supérieure (nombre de trous dans la mâchoire pour cette dent).
Trois trous = SOURIS GRISE
Quatre trous = MULOTS SYLVESTRE ou MULOT A COLLIER FAUVE
Cinq trous = RAT DES MOISSONS
Bibliographie[modifier]
- Guide des traces d'animaux, tous les indices de la vie animale - Bang D. & Dahlström P. (1996) - Eds Delachaux & Niestlé, Lausanne- Paris.
- Guide des traces et indices d’oiseaux : pistes, nids, plumes, crânes, pelotes, laissées – Brown R. et Al (2005) – Eds Delachaux & Niestlé, Lausanne-Paris.
- Les proies des rapaces : petits mammifères et leur environnement – Chaline J. at Al (1974) – Eds Doin (La bible, mais malheureusement épuisée !)
- Journal « La Hulotte » n°25 – La chouette hulotte ; les pelotes de réjection – Déom P. (1992) – Eds Passerage, 08240 Boult aux Bois.
- Identifier les traces d’animaux – Signollet S. & Mansion D. (2002) – Eds Ouest-France.