Haie champêtre : Différence entre versions

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"Chers amis de la nature,<br>Je vous fais part d'une expérience que j'ai tenté dans mon refuge LPO. Lorsque j'ai acheté ma maison, j'ai "hérité" de la haie de cyprès que les premiers propriétaires avaient plantée.<br>Au bout de quelques années de taille assez fatigante, j'ai décidé de changer de haie.<br>Mais plutôt que d'arracher les cyprès (opération trop coûteuse par une entreprise et trop dure pour mes petits bras), j'ai opté pour une taille sévère pour tuer les arbres en émettant l'hypothèse que les merles feraient le travail à ma place, en semant du lierre avec leurs fientes chargées de graines de lierre.<br>Le travail des merles a été rapide. La pousse du lierre a été plus lente.<br>Et ma fois, même si ça a pris quelques années, je peux dire aujourd'hui que ça a marché.<br>Outre le lierre, les merles ont semé du troène, du laurier sauce, du cassis fleurs et de l'éléagnus. On peut contesté la présence de ces essences, mais bon, ce sont les merles qui ont "choisi".<br>Au final, j'ai toujours une haie pour m'isoler de mon voisin, pour me protéger du vent (j'habite en bord de mer), je ne me casse plus la tête à tailler les branches de cyprès (je n'ai pas encore eu à le tailler, mais je pense que le lierre se taille plus facilement que le cyprès) et surtout je me sens beaucoup plus en accord avec ma philosophie écolo."  
 
"Chers amis de la nature,<br>Je vous fais part d'une expérience que j'ai tenté dans mon refuge LPO. Lorsque j'ai acheté ma maison, j'ai "hérité" de la haie de cyprès que les premiers propriétaires avaient plantée.<br>Au bout de quelques années de taille assez fatigante, j'ai décidé de changer de haie.<br>Mais plutôt que d'arracher les cyprès (opération trop coûteuse par une entreprise et trop dure pour mes petits bras), j'ai opté pour une taille sévère pour tuer les arbres en émettant l'hypothèse que les merles feraient le travail à ma place, en semant du lierre avec leurs fientes chargées de graines de lierre.<br>Le travail des merles a été rapide. La pousse du lierre a été plus lente.<br>Et ma fois, même si ça a pris quelques années, je peux dire aujourd'hui que ça a marché.<br>Outre le lierre, les merles ont semé du troène, du laurier sauce, du cassis fleurs et de l'éléagnus. On peut contesté la présence de ces essences, mais bon, ce sont les merles qui ont "choisi".<br>Au final, j'ai toujours une haie pour m'isoler de mon voisin, pour me protéger du vent (j'habite en bord de mer), je ne me casse plus la tête à tailler les branches de cyprès (je n'ai pas encore eu à le tailler, mais je pense que le lierre se taille plus facilement que le cyprès) et surtout je me sens beaucoup plus en accord avec ma philosophie écolo."  
  
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Haie cyprès coupés à ras en 2004 - photo Gilles Bentz
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La même haie aujourd'hui champêtre grace aux oiseaux - photo Gilles Bentz
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Version du 19 août 2009 à 13:32


Les haies champêtres sont le refuge d’une multitude d’animaux. Elles jouent un rôle important pour la nidification des oiseaux, mais constituent aussi de nombreux avantages aussi bien en ville qu’à la campagne : elles peuvent délimiter un jardin, une parcelle d’élevage, servir de coupe-vent, limiter les attaques parasitaires ou encore empêcher l’érosion d’un talus. La plantation de haies agrémente l’aspect décoratif d’un jardin, mais attention ! Il faut choisir les bonnes essences à planter, de préférence indigènes, afin que la faune y trouve nourriture et habitats appropriés.

Haie Gilles Bentz BR.JPG

Haie champêtre à l'Ile Grande - photo Gilles Bentz

Qu’est-ce qu’une haie champêtre ?

Une haie champêtre se compose d’essences indigènes (par exemple : chêne pédonculé, charme commun, aubépine, sureau noir etc…) et présente trois strates distinctes : une strate herbacée, une strate arbustive et une strate arborescente.

Importance des haies champêtres pour la faune

Les haies champêtres fournissent de la nourriture et des abris à de nombreuses espèces. Lorsqu’elles relient deux zones boisées, elles jouent alors le rôle de corridors écologiques le long desquels les animaux peuvent se déplacer. Les haies accueillent certains oiseaux forestiers, des mammifères et de nombreux papillons. Les fossés et les talus qui sont associés aux haies offrent des habitats aux grenouilles, crapauds, tritons et reptiles.

Dans les régions peu boisées, beaucoup d’espèces d’oiseaux dépendent des haies pour leur survie. Au moins 30 espèces nichent dans les haies. Beaucoup d’entre elles comme le bouvreuil pivoine ou la tourterelle des bois préfèrent les haies atteignant 4 mètres de haut avec de nombreux arbres, tandis que la fauvette grisette, la linotte mélodieuse et le bruant jaune aiment les haies plus basses de 2 à 3 mètres avec moins d’arbres. L’accenteur mouchet, la fauvette babillarde et le pouillot fitis préfèrent les haies moyennes à grandes avec peu d’arbres. Le troglodyte mignon, le rougegorge familier, l’accenteur mouchet et la fauvette grisette nichent habituellement à faible hauteur alors que la grive musicienne, le merle noir, le pinson des arbres et le verdier d’Europe nichent plus haut. La perdrix grise utilise la banquette herbacée de la haie pour nicher. Il est donc très important d’offrir différentes strates et des densités d’arbres et d’arbustes variées pour la faune. De même, le maintient d’un couvert herbacé au pied de la haie est indispensable.

La bordure herbeuse peut fournir les matériaux pour la construction des nids et abrite également de nombreuses larves d’insectes, notamment des chenilles, pour la nourriture des jeunes oiseaux. De plus, les fleurs sauvages et les herbes qui poussent au pied de la haie dissimulent les nichées vis à vis des prédateurs. En hiver, les haies sont des sites de nourrissage pour les oiseaux sédentaires et hivernants comme la grive litorne et la grive mauvis.

Enfin, la plantation mixte d’arbres et d’arbustes favorise la lutte biologique naturelle en réduisant les produits phytosanitaires : en effet, de nombreux végétaux indigènes abritent des insectes prédateurs (syrphes, chrysopes, coléoptères) qui se nourrissent de parasites : pucerons, chenilles, acariens etc…

Quels sont les meilleurs haies pour la faune ?

Les haies denses d’arbustes indigènes avec une base assez large sont excellentes car elles fournissent un couvert sûr. Leurs formes et leurs tailles peuvent être variées : rangées d ‘arbres, haies arbustives touffus et informes etc… En règle générale, plus les essences d’arbres sont variées au sein de la haie champêtre, plus la diversité d’oiseaux sera grande. Les arbres comme les chênes abritent de nombreux insectes xylophages et constituent de bons postes de chant. Les vieux arbres présentent des cavités où la mésange bleue, la chevêche d'Athena (haies bocagères), les pics, ou encore les chauves-souris peuvent nicher. Il est important de conserver les branches mortes et les vieilles souches pour les oiseaux et insectes. Les arbustes à baies sont source de nourriture une bonne partie de l’année.


Image:Haie_champetre_Moeze_Prunus_spinosa_Nicolas_MacaireBR.jpg

Haie fleurie Prunus spinosa - photo Nicolas Macaire - LPO

Conseils pour l’entretien

• L’entretien doit être fait tous les 10 à 15 ans environ avec un recépage de certains arbres (laisser les plus beaux et les plus gros se développer normalement, ne tronçonner que les branches qui pourraient gêner la circulation des engins agricoles ou voitures par exemple).
• Laisser quelques arbres morts (surtout les gros et les creux) car ils constituent un refuge pour de nombreuses espèces. Ne les couper que s’ils représentent un danger immédiat (bord de route ).
• Effectuer un entretien régulier sur les arbres têtards (20-25 ans) et ne pas toucher ceux qui n’ont pas été entretenus depuis plus de 50 ans.
• Entretenir la strate herbacée en effectuant une fauche tardive annuelle (septembre - octobre) afin de ne pas compromettre la nidification.

Comment tailler la haie champêtre ?

1) Taille manuelle

Cette taille peut se pratiquer sur les petites haies de jardin à l’aide d’un sécateur, de pince coupante ou encore de cisailles. On distingue deux types de taille :

-La taille de formation : elle se fait les premières années (1-3 ans) et permet une bonne ramification à la base de la haie. Pour les arbustes des haies champêtres, il faut faire une taille très forte un an après la plantation : cette taille est appelée taille de recépage. Les tiges des jeunes plants sont rabattues à 5-10 cm de hauteur. Cela permettra d’obtenir une forme buissonnante par la suite. Si la ramification est insuffisante 1 an après ce premier recépage, une deuxième taille peut être faite la deuxième année.

La taille de recépage des arbustes :

Sur les touffes déjà bien ramifiées, on ne fera qu’une taille légère : seules les jeunes pousses de l’année sont raccourcies de 1/3 ou de moitié de leur longueur pour provoquer une ramification qui densifie la plante.

-La taille d’entretien : elle se pratique sur les haies déjà formées (à partir de 3-4 ans) à la fréquence de 1 ou 2 fois par an (à la fin de l’hiver et en été). La taille douce est la méthode qui convient le mieux dans ce cas : elle respecte la forme naturelle des arbustes et ainsi l’équilibre global de la haie. Cela consiste à éliminer certaines branches par rapport à d’autres (sélection) en respectant la forme originale de l’arbre. Les petites branches mortes peuvent être coupées. Par contre les arbres morts plus gros de la haie devront être conservés pour les insectes xylophages et leurs cavités.


Image:Haie_champetre_Nicolas_MacaireBR.jpg

Haie champetre en fin d'hiver - photo Nicolas Macaire - LPO


2) Taille mécanique :

La taille mécanique est intéressante pour les longues haies, par exemple les haies bocagères ou haies de bord de routes : elle permet de tailler à un moindre coût de grandes longueurs qui ne pourraient pas l’être manuellement mais nécessite quelques précautions pour éviter d’éventuels dégâts !

Le broyeur à fléaux, ou épareuse permet d’entretenir les minces repousses annuelles des haies arbustives dont l’épaisseur de coupe ne doit pas excéder 2 cm. Cet appareil est bien adapté pour la fauche verticale et horizontale des talus, pieds de haies et fossés. Mais s’il est utilisé pour les repousses plus agées et les branches, il provoque un déchiquetage et un éclatement qui exposent les arbres et arbustes à des maladies (attaques fongiques). Dans ce cas, il faut alors préférer le lamier ou la tronçonneuse associée à la nacelle élévatrice. Il exiiste différentes façons de tailler la haie à l’aide d’un broyeur à fléaux :

a) Type triangulaire (2 coupes au minimum)
b) Type losange (4 coupes au minimum)
c) Type rectangulaire (3 coupes au minimum)
d) Type pousses libres (2 côtés coupés pour permettre la floraison de printemps)

Le lamier se révèle utile pour les haies qui comportent des arbres. Il remplace alors le broyeur à fléaux. La machine se compose d’une tête de coupe à scies circulaires montée sur un bras articulé et télescopique de 5 à 8 mètres. Elle permet des coupes nettes et franches des branches ayant 10 à 15 cm de diamètre. Pour les haies non entretenues depuis 20–25 ans, le travail peut se diviser en deux passages : une première coupe éloignée du tronc, une deuxième coupe proche du tronc.

La nacelle élévatrice associée à une tronçonneuse permet l’élagage d’arbres plus haut (10-15 mètres) en prenant garde de respecter la forme des arbres. Il faut ensuite débiter le bois au sol.

A quelle période tailler ?

Ne jamais tailler les haies durant la saison de nidification, c’est à dire du mois de mars au mois d’août en moyenne. La taille peut généralement se faire l’automne ou l’hiver (à partir de septembre–octobre). Maintenez la couverture herbeuse de fin d’hiver et de début de printemps : cela constituera plus tard le refuge de certaines espèces qui nichent au sol comme la perdrix grise.


Témoignage d'une expérience - Transformation d'une haie

Par Gilles Bentz, reponsable de la station ornithologique de l'Ile Grande

"Chers amis de la nature,
Je vous fais part d'une expérience que j'ai tenté dans mon refuge LPO. Lorsque j'ai acheté ma maison, j'ai "hérité" de la haie de cyprès que les premiers propriétaires avaient plantée.
Au bout de quelques années de taille assez fatigante, j'ai décidé de changer de haie.
Mais plutôt que d'arracher les cyprès (opération trop coûteuse par une entreprise et trop dure pour mes petits bras), j'ai opté pour une taille sévère pour tuer les arbres en émettant l'hypothèse que les merles feraient le travail à ma place, en semant du lierre avec leurs fientes chargées de graines de lierre.
Le travail des merles a été rapide. La pousse du lierre a été plus lente.
Et ma fois, même si ça a pris quelques années, je peux dire aujourd'hui que ça a marché.
Outre le lierre, les merles ont semé du troène, du laurier sauce, du cassis fleurs et de l'éléagnus. On peut contesté la présence de ces essences, mais bon, ce sont les merles qui ont "choisi".
Au final, j'ai toujours une haie pour m'isoler de mon voisin, pour me protéger du vent (j'habite en bord de mer), je ne me casse plus la tête à tailler les branches de cyprès (je n'ai pas encore eu à le tailler, mais je pense que le lierre se taille plus facilement que le cyprès) et surtout je me sens beaucoup plus en accord avec ma philosophie écolo."


Haie tuyas coupes Gilles Bentz 2004 2 BR.JPG

Haie cyprès coupés à ras en 2004 - photo Gilles Bentz


Haie champetre Gilles Bentz 3 BR.JPG

La même haie aujourd'hui champêtre grace aux oiseaux - photo Gilles Bentz


Savoir plus

- Planter des haies, D. Soltner, Eds Sciences et Techniques agricoles – Le Clos Lorelle, 49130 Sainte-Gemmes-sur-Loire.8ième édition 1999.
- Farm hedges and their management. Fiche d’information RSPB – révisée en mars 2001.
- Le grand livre des haies, AUDIAR, Eds Bordas – 2001.